Bibliographies
Estienne, Robert Ier (1503-1559)
*Philosophe, érudit, imprimeur et lexicographe français, Robert Ier Estienne fut l'élève du savant grec Jean Lascaris auprès duquel il apprit le latin et le grec. Dès 1526, il installe sa propre imprimerie à Paris. "En 1527, 1528, puis 1532, paraît son premier grand ouvrage: une traduction de la Bible en latin (projet lancé dès 1524). Cette œuvre est le fruit d'une étude comparative de la Vulgate ancienne, des manuscrits de Saint-Denis, de Saint-Germain, du collège de théologie de Paris, et même de la "Polyglotte d'Alcala". En l'occurrence, il ajoute des sommaires en tête des chapitres, marque les versets, met en marge des concordances et des variantes se rapprochant du texte hébreu, et rétablit les noms propres chaldéens, hébreux, grecs et latins, défigurés dans les éditions précédentes. [...] Cette liberté critique lui attire l'animosité des théologiens de la Sorbonne, mais Robert Estienne, bien loin d'être découragé dans ses recherches, continue ses études bibliques. Il publie de nombreuses éditions de la Bible en hébreu, latin et français, du Nouveau Testament en grec, latin et français, mais aussi bon nombre de psautiers et concordances de la Bible. Il donne ainsi en 1555, les Concordances de la Bible, où il range mot par mot, phrase par phrase, toute la Bible dans un Index disposé dans l'ordre alphabétique avec renvoi à chaque verset, conformément à l'édition latine qu'il publie simultanément." [Carine Timmerman. Cf. Robert Estienne dans le module "Bibliographie", catégorie Sites Internet] La protection du roi François Ier permet à Estienne d'échapper pour un temps aux attaques de la Sorbonne. Il est d'ailleurs nommé imprimeur du roi pour le latin et l'hébreu en 1539 et pour le grec en 1540. En 1544, il publie l'histoire ecclésiastique d'Eusèbe avec une préface en grec de l'imprimeur. Suivirent des textes grecs inédits de Denys d'Halicarnasse, d'Alexandre de Tralles, de Dion Cassius, de Justin et d'Apien, ainsi que des ouvrages de la littérature latine qu'Estienne révisait lui-même et accompagnait de variantes et de commentaires [H. Lamirault et Cie, éditeurs, "Grande Encyclopédie". Paris, 1886, vol. 16, p.412.]. ** Bien plus qu'un imprimeur, Estienne est aussi l'auteur d'ouvrages lexicographiques majeurs qui font de lui le précurseur de la lexicographie française. Le "Thesaurus linguae latinae" constitue le plus important avec trois éditions successives (1531-32, 1536, 1543). "Cet ouvrage servit désormais de fond à tous les grands dictionnaires latins" ["Ibid.", p.412.]. Il s'en servit lui-même d'ailleurs comme ouvrage de référence pour la rédaction d'un "Dictionarium latinogallicum" (1538) et d'un "Dictionnaire François-latin" (1549). Il est aussi l'auteur d'un "Traicté de la Grammaire françoise" (1557). ** À la mort de François Ier en 1547, Estienne ne bénéficie plus de la même protection de la part du roi Henri II. Les persécutions de la Sorbonne sont incessantes, à tel point qu'Estienne décide de s'exiler à Genève avec sa famille en 1551. Il y installe une imprimerie dont il se sert pour propager les doctrines de la Réforme. Il publie des ouvrages de théologie protestante comme l'œuvre de Calvin traduite en français "L'institution de la religion chrétienne", ainsi que son fameux pamphlet "Les Censures des Théologiens de Paris par lesquelles ils avoyent faulsement condamné les bibles imprimées par Robert Estienne, avec la response d'iceluy" (1552). Robert Ier Estienne meurt à Genève en 1559. Son œuvre sera poursuivie par trois de ses enfants devenus comme leur père imprimeurs, notamment par Henri II qui reprit l'atelier de son père après sa mort.