Bibliographies

Caxton, William (v.1422-1491)

*C'est sur l'initiative d'un traducteur, notamment William Caxton, qu'un événement important se produit à la fin du Moyen Âge: l'introduction de l'imprimerie en Angleterre. Caxton voyage en Europe et, de 1470 à 1472, son séjour à Cologne lui permet de se perfectionner dans l'imprimerie. Il y achète aussi une presse et deux jeux de caractères, puis ouvre un atelier d'imprimerie à Bruges vers 1474. L'année suivante, il imprime le premier livre en langue anglaise "The Recuyell of the Historyes of Troye", oeuvre de Raoul Lefèvre qu'il a traduite lui-même du français. Le tout premier livre imprimé en langue anglaise est donc une traduction. Si Caxton s'est intéressé à l'imprimerie, c'est que, explique-t-il dans l'épilogue du Livre III du Recuyell, "[his] pen became worn, his hand weary, his eye dimmed" après qu'il eut copié cette traduction. ** Caxton occupait une position fort enviable. Ses talents de traducteur étaient en grande demande, il pouvait compter sur l'appui de protecteurs puissants (rois, nobles, riches marchands, dont beaucoup étaient des amis personnels) et il était son propre éditeur. Si l'on en juge par le catalogue de ses publications, l'imprimeur entretenait aussi des relations avec d'autres éditeurs français et anglais. De toute évidence, il traduisait par plaisir, mais il était tout à fait conscient du rôle didactique du traducteur médiéval. S'il a surtout traduit à partir du français, c'est que la France était alors un des principaux foyers de la culture européenne, et que l'Angleterre, même quatre cents ans après l'invasion normande, demeurait dans la "sphère d'influence" de ce pays. Les oeuvres traduites du français correspondaient au goût des gens raffinés de la cour. Mais, outre ces motifs commerciaux, Caxton croyait en la valeur des traductions littéraires pour élever le niveau d'éducation et de raffinement d'une société moins avancée sur le plan culturel. En cela, il rejoignait une des grandes préoccupations de Chaucer. ** De retour en Angleterre, Caxton décide de se consacrer à la diffusion, par la traduction et l'imprimerie, de la culture et de la littérature françaises. Il installe un atelier d'imprimerie dans l'aumônerie de l'abbaye de Westminster et imprime un premier ouvrage en 1477. C'est encore une traduction du français par Anthony Woodville: "Dictes and Sayinges of the Philosophers" (Les dicts moraulx des philosophes). L'auteur de cette traduction est le comte de Rivers. Il va sans dire que Caxton publie lui-même ses traductions d'Ovide, de Caton, d'Esope, de Virgile, toutes faits à partir des versions françaises. Détail assez typique de l'époque, sa traduction des Fables d'Ésope a été faite à partir de la version française d'une version allemande d'une traduction latine! Le traducteur-imprimeur publia une centaine de titres dont le tiers seulement est parvenu jusqu'à nous. Dans bien des cas, il ne reste qu'un exemplaire unique. On reproche à Caxton d'avoir publié une production trop commerciale d'histoires vulgaires et de n'avoir pas publié suffisamment de traductions de textes antiques. Il était pourtant lui-même lettré et on doit à ses presses une édition de Chaucer, outre quelques ouvrages latins, d'Ovide, en particulier. Il traduisit surtout des ouvrages populaires français: "L'Histoire de Jason" (1477). "Le Roman de Renart" (1481), "La Légende dorée" (1483), etc. ** En plus de sa production personnelle, il imprime d'autres ouvrages qui sont exclusivement des traductions du latin ou du français, sauf une "Hystorye of Reynart the Foxe", traduite du néerlandais. William Caxton ne fut pas le seul traducteur à importer des oeuvres françaises en Angleterre, mais sa production se distingue par sa grande diversité; elle comprend des ouvrages de littérature, de chevalerie, de piété populaire, d'histoire, de morale, de philosophie, une encyclopédie et un livre sur les échecs. Par son oeuvre de traducteur et de pionnier de l'imprimerie en Angleterre, William Caxton occupe une place importante dans l'histoire de la traduction.