Bibliographies
Quinet, Edgar (1803-1875)
*Né à Bourg-en-Bresse, Edgard Quinet renonce à entreprendre une carrière scientifique et se passionne pour l'histoire et la poésie. Il rencontre à Paris Jules Michelet et Victor Cousin, et apprend l'allemand pour traduire les "Idées sur la philosophie de l'histoire de l'humanité" de Herder. Publiée en 1827, cette traduction est précédée d'une longue "Introduction" où s'expriment les conceptions de Quinet en matière historique. Au cours d'un voyage en Allemagne, il rencontre, outre de nombreux philosophes et écrivains, Creutzer, lequel l'initie à l'interprétation symbolique des légendes antiques. ** Nommé ensuite membre de la commission d'études qui accompagna l'armée française au cours de la Guerre de Morée, il compose "De la Grèce moderne et de ses rapports avec l'Antiquité", qui paraît en 1830. L'année suivante, son article "De l'avenir des religions" fait grand bruit: il y propose une histoire générale des religions conçue philosophiquement et annonce leur fusion progressive dans un humanitarisme libéral. Ces idées fondent les vastes épopées, ou les poèmes allégoriques en prose, qu'il donne ensuite: "Ahasvérus" (1833), "Napoléon" (1836), "Prométhée" (1838). Nommé en 1841 à une chaire de littérature méridionale au Collège de France, il retrouve Michelet et se lie avec Mickiewicz. Ce triumvirat enflamma l'esprit des étudiants en faveur de la liberté et du progrès. ** En butte aux attaques de l'Église, tant pour son cours que pour son "Génie des religions" (1842) et ses ouvrages sur "L'Inquisition" (1844), "L'Ultra-montanisme" (1844) et "Le Christianisme et la Révolution française" (1845), Quinet voit son enseignement supprimé en 1847. Il prend une part active aux journées de février 1848 et son cours est rouvert au milieu des acclamations. Elu député, il s'oppose vigoureusement à Louis-Napoléon et doit quitter la France en 1852, continuant en Belgique puis en Suisse des ouvrages importants dans l'évolution de la philosophie de l'histoire et de la poésie philosophique française: ses "Révolutions d'italie" (1852), "Les Esclaves" (1853), un ouvrage sur "La Révolution religieuse au XIXe siècle" et le poème mystique de "Merlin l'Enchanteur" (1860). Rentré en France après Sedan, député en 1871, il fait alors partie de l'extrême-gauche, mais son influence à l'Assemblée resta très limitée. (Source: Jean-Claude Polet (dir.), "Patrimoine littéraire européen", De Boeck Université, 1998)