Bibliographies
Wyclif, John (v. 1320-1384)
*Le théologien John Wyclif, en prônant la séparation de l'Église et de l'État, en s'attaquant au pape et en faisant de la Bible la base de la foi, fait figure de précurseur de la Réforme. On l'a surnommé "le premier protestant". Sa traduction de la Bible publiée en 1382 est probablement l'oeuvre traduite la plus importante de tout le XIVe siècle. "Il existe deux versions de la Bible de Wyclif, toutes deux basées sur la Vulgate: la première, guindée et craignant de s'écarter du latin, la seconde plus libre et osant être anglaise" (Van Hoof 1986: 21). Malgré ses répétitions et ses imperfections, cette première traduction intégrale de la Bible a fait ressortir les lacunes de l'anglais de l'époque, dont la syntaxe calquait le latin. Elle n'en a pas moins jeté les fondements de la langue biblique anglaise et contribué au développement de la prose anglaise. On reconnaît à Wyclif et à ses associés d'avoir enrichi la langue anglaise de plus de mille mots de source latine. Un grand nombre ont une acception technique et se terminent en "-able", "-ible", "-ent", "-al", "-ive", autant de suffixes dérivatifs communs aujourd'hui. On a qualifié cette traduction de "shaping force in English literature" et Wyclif de "père de la prose anglaise", bien que certains spécialistes estiment qu'on a exagéré son rôle. Il entreprit sa traduction de la Bible pour que chaque fidèle puisse avoir accès directement aux Saintes Écritures, ce que l'Église désapprouvait. Déclaré hérétique par un tribunal ecclésiastique, il fut renvoyé d'Oxford en 1382. Une trentaine d'années après sa mort, le Concile de Constance ordonna d'exhumer son corps et de le brûler. Ses cendres furent jetées dans un affluent de l'Avon. Ses enseignements inspireront d'autres penseurs protestants, dont nul autre que Martin Luther. [Voir le module "Portraits"].