Bibliographies
Du Bellay, Joachim (1522-1560)
*Issu d'une famille déjà célèbre par ses hommes de guerre et ses diplomates, Joachim du Bellay est né en 1522 au château de La Turmelière, près de Liré, en Anjou. Maladif, orphelin de bonne heure, négligé par son tuteur, il passe une enfance rêveuse dans le manoir paternel, sans grande activité. Il souhaitait s'illustrer dans la carrière des armes, sous l'égide de son cousin Guillaume de Langey, gouverneur du Piémont; mais la mort de ce parent en 1541 ruine ce projet. Il se tourne alors vers l'état ecclésiastique, comptant sur le crédit d'un autre cousin: le cardinal Jean du Bellay, évêque de Paris et diplomate. Pour se préparer à servir le cardinal, il étudie le droit à la Faculté de Poitiers, vers 1545. A Poitiers, Joachim du Bellay fait la connaissance de l'érudit Muret, des poètes Salmon Macrin et Peletier du Mans, qui influencera les idées de La Pléiade. Il rédige ses premières Poésies latines et françaises. ** A la fin de 1547, il quitte Poitiers pour Paris, afin de suivre Ronsard. En effet, Du Bellay aurait rencontré Ronsard (âgé alors de 23 ans) aux environs de Poitiers. Chez son ami Jean-Antoine de Baïf, Ronsard avait suivi les leçons de l'helléniste Jean Dorat. Ce dernier venait d'être nommé à la fin 1547 principal du Collège Coqueret, à Paris. Les deux jeunes gens, qu'il avait passionnés pour l'étude de la poésie, décidèrent de le rejoindre à Paris. ** Sous la direction de Dorat, Du Bellay étudie les auteurs de l'Antiquité (plutôt les auteurs latins, alors que Ronsard et Baïf s'intéressent aux grecs). Il étudie aussi l'italien et découvre Pétrarque (son premier recueil de sonnets, "L'Olive", est composé à la façon des sonnets pétrarquistes). En 1549, Du Bellay publie: "Défense et illustration de la langue françoise", conçu avec Ronsard. Il commence aussi à devenir sourd. Il cultive la poésie et la lecture des auteurs grecs et latins afin d'oublier son mal, mais cette épreuve donnera déjà des accents personnels à sa poésie. Certes la traduction en décasyllabes du IVe livre de l'"Énéide" (1552) relève des lectures, mais la "Complainte du désespéré" évoque sa déchéance physique (à 30 ans) avec des accents personnels. En 1553, le cardinal Jean du Bellay, qui avait été en disgrâce, est rappelé par le roi Henri II, en guerre contre Charles-Quint, pour négocier avec le pape Jules III. Le cardinal accepte d'emmener son cousin Joachim du Bellay comme secrétaire. Joachim du Bellay désire reprendre sa place parmi les poètes de cour. Il publia les pièces composées à Rome, et qu'il avait dû garder par égard pour son protecteur le cardinal, et pour la mission diplomatique de celui-ci. 1558: "Les Antiquités de Rome", "Les Regrets", "Poemata", "Jeux rustiques"; 1559: "Le Poète Courtisan". ** S'il parvient à se faire entendre à la Cour, Du Bellay doit tout reprendre à la mort d'Henri II, en juillet 1559. Il parviendra à se faire inscrire sur la liste des pensions du successeur François II, auquel il avait adressé un "Ample discours au Roi sur le fait des quatre états du royaume de France" (1559). Mais les affaires privées de Du Bellay sont en piteux état: ses biens lui sont contestés. Déçu par le succès de jeunes poètes de Cour, épuisé par les tracas concernant ses biens, ayant des démêlés avec plusieurs de ses parents (dont semble-t-il le cardinal lui-même, peu content de certains sonnets des Regrets), Joachim du Bellay a vu s'accroître sa surdité: il ne communique plus que par écrit dès 1559. Il meurt le 1er janvier 1560, à 37 ans, dans la nuit, en écrivant des vers. [Voir le module "Portraits"].