Bibliographies
Arconville, Madame Thiroux d' (1720-1805)
*Polygraphe française, Madame Thiroux d'Arconville s'illustre dans de nombreuses disciplines, telles que les sciences, l'histoire et la traduction. Rien pourtant ne destinait la jeune épouse de Louis-Lazare Thiroux d'Arconville, président au Parlement de Paris, aux recherches et à l'écriture. Mais, à l'âge de 22 ans, elle contracte la variole. Aux dires de son biographe, elle en reste marquée. Dès lors, elle cesse, plus ou moins, de fréquenter le monde, se vêt sobrement, se lance dans les études et entreprend une carrière de femme de lettres. ** Madame Thiroux d'Arconville développe un intérêt pour les disciplines scientifiques, comme la physique, l'anatomie, l'histoire naturelle, la médecine, et plus particulièrement pour la chimie. Elle suit des cours dans certaines de ces disciplines et fréquente d'éminents hommes de science, notamment les chimistes Lavoisier et Macquer. Elle décide de mettre en pratique ses connaissances et se livre à des expériences dans le laboratoire installé dans sa maison de campagne de Meudon. Elle étudie notamment les effets de la putréfaction et rédige un ouvrage sur ce sujet, "Essai pour servir à l'histoire de la putréfaction" (1766). Elle est animée par le désir d'acquérir des connaissances et de les partager.** "La critique remarque souvent que 'c'est une femme qui aime penser'" [Marie-Laure Girou Swiderski. Site Web : "Écrire à tout prix: La Présidente Thiroux d'Arconville, polygraphe", Adresse : http://aix1.uottawa.ca/~margirou/arconvil.htm, page 2/4]. Son statut social et son entourage lui permettent d'appartenir "à la catégorie, peu nombreuse au XVIIIe siècle, des femmes qui écrivent par goût" ["Ibid.", page 2/4]. Ses œuvres abordent des domaines très variés et appartiennent à des genres très différents. Elle est l'auteur d'essais scientifiques, de traités et recueils de pensée morale, de romans et d'ouvrages historiques. On lui doit 70 volumes, dont certains ont été publiés anonymement pendant vingt ans ["Ibid.", page 2/4]. Au chapitre des essais, citons "Pensées et réflexions sur divers sujets" (1760), "De l'amitié" (1761) et "Des passions" (1764). Les romans "L'amour éprouvé par la mort" (1763) et "Mémoires de Mlle de Valcourt" (1767), ainsi que les ouvrages historiques "Vie du Cardinal d'Ossat" (1771), "Vie de Marie de Médicis" (1774) et "Histoire de François II" (1783) complètent la liste des ouvrages principaux de Madame Thiroux d'Arconville. Deux remarques s'imposent au sujet de cette bibliographie: d'une part, ces œuvres n'ont pas échappé aux effets de la censure, et d'autre part elle permet de mettre en avant la participation des femmes au mouvement des Lumières en montrant qu'au XVIIIe siècle l'écriture féminine ne se confinait pas au romanesque et au genre épistolaire, contrairement à l'image stéréotypée de l'époque. À cause de ces préjugés de la critique envers l'écriture féminine, les femmes-écrivains des Lumières qui ne s'adonnaient pas à l'écriture romanesque se tournaient vers la traduction d'œuvres relevant de l'"écriture sérieuse, c'est-à-dire masculine" ["Ibid.", page 3/4]. En d'autres termes, elles assouvissaient leur désir de s'instruire, de s'exprimer et de partager leurs connaissances par l'intermédiaire de la traduction des œuvres d'autrui.** Ainsi, la traduction tient-elle une place importante dans l'œuvre de Madame Thiroux d'Arconville. Elle fait preuve du même éclectisme dans ses traductions que dans son écriture: ouvrages scientifiques, poésie et romans constituent l'essentiel de ses traductions. Citons entre autres "Romans traduits de l'anglais" (1761) à partir des œuvres d'Aphra Behn, "Leçons de chimie" (1766) traduit à partir d'une traduction anglaise effectuée par le chimiste Peter Shaw, "A New Method of Chemistry" (œuvre originale: "Elementia Chemiae" de Hermann Boerhaave) et "Mélanges de poésie anglaise" (1770) ["Ibid.", pages 3 & 4/4]. On lui attribue également la traduction de plusieurs romans: "Barberousse" (1767) qui est la traduction de