Bibliographies
Sacy, Sylvestre de (1758-1838)
*En 1822, le nom illustre de Sylvestre de Sacy, qui fut le premier président de la Société Asiatique, avait atteint l'apogée de la renommée, et son autorité régnait sans conteste sur le domaine des études musulmanes. Dès 1793, il avait publié son "Mémoire sur diverses antiquités de la Perse" suivi de la traduction de l'histoire des Sassanides de Mirkhond; puis il avait extrait de Maqrizi ses recherches sur les monnaies, les poids et mesures légales des pays musulmans (1797 et 1799). Professeur à l'école spéciale des Langues orientales vivantes, il avait composé, à l'usage de ses élèves et pour obéir aux termes du règlement de cet établissement, sa fameuse "Grammaire arabe" (1re édition, 1810) qu'avait précédée de quatre ans (1806) la première édition de sa "Chrestomathie". Il avait en 1805, traduit la Colombe messagère de Michel Sabbagh, publié en 1810 la description de l'Egypte d'Abdellatif, en 1816 le "Calila wa Dimna" suivi de la "Moallakah" de Labid. En 1819, entamant le domaine de la littérature persane, il donnait au public le "Pend-nâmé" de Ferîd-ed-din 'Attâr, enrichi de note de la plus savante érudition, en même temps que de la plus étendue. L'année même de la création de la Société, il terminait son édition des "Séances de Harîrî", enrichie d'un commentaire en arabe résumé de divers auteurs, et d'une préface qu'il avait composée, en arabe également, dans le plus pur style des écrivains orientaux. ** Pendant seize ans encore, son activité, mûrie par l'expérience, achevait en 1826 la seconde édition de la "Chrestomathie", en 1831 celle de la "Grammaire", ouvrages capitaux qu'il complétait en 1829 par l'adjonction d'une "Anthologie grammaticale" formée d'extraits d'œuvres de grammairiens indigènes. En 1822 il adjoignait une traduction de "Borda", d'El-Boûcîrî, dithyrambe à la louange de Mohammed, à "l'Exposition de la foi musulmane" que Garcin de Tassy avait tirée d'El Birgéwî ; et l'année suivante, il veillait, avec Etienne Quatremère, à l'imprimerie royale, à une édition d'un Nouveau Testament en syriaque et arabe Karchouni.** Sa collaboration à l'ancien "Journal Asiatique" commence dès 1823, avec un mémoire sur la manière de compter par les jointures des doigts, la dactylonomie, qui devait, beaucoup plus tard, faire l'objet de nouvelles recherches par Stanislas Guyard. Ses études sur l'initiation à la secte des Ismaïliens (1824) et la notice des manuscrits des livres sacrés des Druzes (1824) préparaient et annonçaient l'"Exposé de la religion des Druzes" qui ne devait voir le jour qu'en 1838, l'année même de sa mort. L'année 1825 vit paraître une lettre sur d'anciens manuscrits arabes sur papyrus ainsi qu'une mémoire sur le traité conclu entre Philippe le Hardi et le roi de Tunis, en 1270, pour l'évacuation du territoire de Tunis par l'armée des Croisés. Des remarques sur l'étude de la poésie arabe (1826), de nouveaux aperçus sur l'histoire de l'écriture chez les Arabes du Hédjaz (1827), des observations sur une pratique superstitieuse attribuée aux Druzes et sur la doctrine des Nosaïriens (1827), marquent le travail qu'apportait le grand orientaliste à l'organe créé par la Société qu'il avait contribué à former. Sa collaboration s'arrête à cette dernière date: occupé par de plus importants travaux, il cessa d'écrire dans le "Journal Asiatique", mais il y fut remplacé par les élèves qu'il avait formés, et qui devaient s'illustrer à leur tour. ** (Source : Clément Huart, "Les Etudes Islamiques en France au XIXe siècle", dans "Journal Asiatique", 1922. Reproduit de Camélia Sobhi, "Bibliographie des ouvrages traduits de l’arabe vers le français", Le Caire, Imprimerie de la Bibliothèque et archives nationales d’Égypte, 2003. Ouvrage sur cette archive.)