Bibliographies
Peletier (du Mans), Jacques (1517-1582)
*Littérateur et savant français, Jacques Peletier s'illustre dans de nombreuses disciplines, telles que la poésie, la grammaire, la traduction, la médecine et les mathématiques. En 1530, il étudie à l'illustre collège de Navarre à Paris sous la direction de son frère Jean. Se sentant peu attiré par une carrière de théologien, il s'adonne ensuite à des études juridiques, domaine qu'il abandonnera aussi. Pendant ces années de formation en droit, il s'intéresse de près aux mathématiques et s'initie à la langue, à la culture et aux auteurs grecs. À l'âge de 23 ans, il devient secrétaire de René du Bellay, évêque du Mans. C'est à cette époque qu'il exprime le désir de transformer notre langue et conçoit le projet de réformer l'orthographe d'après la prononciation ("Dialogue de l'Ortografe e Prononciation francoese", 1550). La première rencontre entre Peletier et Ronsard date également de la même période. De cette rencontre naîtra une relation d'amitié entre les deux hommes de lettres; Joachim du Bellay les rejoindra au milieu des années 1540. Fin 1543, Peletier est nommé principal du collège de Bayeux à Paris. Peu de temps après, il achève la traduction en vers français de l'"Art poétique" d'Horace [" La plus ancienne édition connue de 'l'Art poétique d'Horace traduit en vers François par Jacques Peletier du Mans' a été imprimée par Vascosan à Paris en août 1545. Mais La Croix du Maine atteste que l'ouvrage a été publié pour la première fois en 1544 et d'ailleurs l'édition de 1545 porte la mention 'recongnu par l'auteur depuis la première impression'" dans "L'Art poétique de Jacques Peletier du Mans" (1555). André Boulanger, Paris, Les Belles Lettres, 1930, p. 13]. L'entreprise de cette traduction s'inscrit dans son programme de rénovation de la poésie française pour lequel il s'inspire des classiques grecs et latins. ** L'année 1547 marque une date importante dans la vie publique de Peletier. Il est chargé de prononcer l'oraison funèbre d'Henri VIII à Notre-Dame devant une assemblée de notables. Il va dédier au Roi sa version des deux premiers livres de l'"Odyssée" d'Homère, traduction qui constitue "Les Œuvres poétiques". Paraissent la même année des traductions d'odes ou d'épodes d'Horace, le Ier livre des "Géorgiques" et une douzaine de sonnets de Pétrarque. "Ses traductions se divisent en deux séries. En 1544, Peletier mêle de la polémique aux vers qu'il fait passer dans notre langue. Il veut souligner, en les introduisant dans le texte de l''Art poétique', des noms et des usages contemporains, et les opposer à l'idéal d'Horace. Il ne faut donc pas étudier cette première version de l''Art poétique' comme une traduction soucieuse de reproduire l'original. Peletier commente plutôt qu'il ne traduit, c'est une appropriation: 'Ay voulu approprier à icelle notre Poésie Française (fol. 5 verso).' En 1547, au contraire, Peletier n'est préoccupé que par l'exactitude. Il s'applique à rendre tels qu'ils furent les auteurs qu'il a choisis." [Clément Jugé, "Jacques Peletier du Mans (1517-1582): Essai sur sa vie, son œuvre, son influence". Genève, Slatkine, 1970, p. 94.] "C'est principalement par l'influence qu'elles ont exercée que ces traductions marquent une date dans l'histoire de la Renaissance. Le choix même des auteurs et des œuvres interprétés constitue une belle leçon de goût [...] Peletier invite ses contemporains à se tourner vers la nature telle que la chantent Virgile et Homère. En proposant de tels modèles, il fonde l'une des doctrines essentielles du classicisme." ["Ibid", p. 107-108 Peletier se livre aussi à l'écriture de la poésie. Comme poète, on lui doit: "L'Art poétique français" (1555), "L'amour des amours" (1555), "La Savoye" (1572), "Louanges" (1581). ** Dans le domaine scientifique, Peletier étudie et pratique la médecine dès 1554. Il développe aussi un grand intérêt pour les mathématiques qu'il enseigne dans divers établissements. Il produit dans le même temps des ouvrages scientifiques, notamment "In Euclidis Elementa Geometrica Demonstrationum Libri sex". (1557). Grand voyageur, Peletier séjourne successivement à Bordeaux, à Lyon, à Annecy avant d'être nommé principal du collège du Mans à Paris en 1580. C'est à ce poste qu'il mourut en 1582.