Bibliographies
Hölderlin, Johann Christian Friedrich (1770-1843)
*Son père, administrateur de biens, mourut quand Hölderlin était encore enfant; son beau-père était maire de Lauffen. Élève du Stift de Tübingen en même temps que Hegel et Schelling et destiné à une carrière de pasteur, il préféra choisir pour gagne-pain le préceptorat, moins incompatible avec les préoccupations poétiques qui furent très tôt les siennes, et que Schiller, d'abord, encouragea. Après une brève période presque heureuse à Francfort où il s'éprit de la femme du banquier Gontard, mère de ses élèves, et écrit dans "Hypérion" l'histoire transposée de cet amour, chassé de la maison Gontard, il cherche refuge à Hombourg, où il travaille à une tragédie. "Empédocle", ainsi qu'à divers poèmes et essais, réflexions sur la poésie d'une grande densité; puis il reprend sa vie de précepteur, d'abord à Hauptwil, en Suisse, puis à Bordeaux, chez le consul Meyer: chacun de ses nouveaux essais pour prendre pied dans la vie est plus difficile, plus angoissé, plus bref; après le retour de Bordeaux, après toute une série de grands poèmes qui comptent parmi les plus beaux de la langue allemande, mais dont l'achèvement lui devient de plus en plus difficile, et de remarquables traductions de Pindare et de Sophocle, l'aggravation de ses troubles mentaux lui vaut d'être interné dans une clinique de Tübingen, où il se peut que la cure n'ait fait qu'aggraver son état. En 1807 - il n'a que trente-sept ans et, en dehors d'"Hypérion", n'a publié qu'en revue -, il est accueilli par le menuisier Zimmer chez qui il passera la seconde moitié de sa vie, écrivant encore quelques poèmes d'une facture très simple liés au cycle des saisons; tandis que de jeunes écrivains commencent à découvrir la grandeur de son lyrisme et à rassembler une partie de ses poèmes pour une édition dont il ne prendra même pas conscience. ** Il faut attendre 1914 et l'édition de Hellingrath pour que l'oeuvre de Hölderlin trouve enfin ses lecteurs; avec les interprétations de Heidegger, qui en fait son poète de prédilection, et les premières traductions françaises (Jouve/Klossowski, 1930; Roud, 1942), le rayonnement du poète s'étend à la France, puis à l'Europe entière. ** Figure très noble et très pure de la poésie allemande, Hölderlin gagne sans doute à être lu en dépassant peu à peu les excès parfois contradictoires de ses principaux interprètes. (Source: P. Jaccottet, "D'une lyre à cinq cordes", Paris, Gallimard, 1997, p. 187-188)