Bibliographies
Alfred, Le roi (v. 849-899)
*En Angleterre c'est au IXe siècle que s'organise une véritable activité de traduction autour du roi Alfred qui accède au pouvoir en 871 et se distingue par une soif insatiable pour la connaissance et par son sens aigu de la politique. Il est célèbre pour son "Code des lois". Ce Charlemagne anglais favorise l'instruction du peuple, la littérature et la réforme de l'Église. Il est déjà dans la quarantaine lorsqu'il décide d'apprendre le latin avant de traduire ou de faire traduire plusieurs oeuvres importantes parmi lesquelles "Historica ecclesiastica Gentis Anglorum" (Histoire ecclésiastique des Angles) de Bède. Ce roi-traducteur, dont l'Église fera un saint, ordonne de traduire en anglo-saxon les principaux écrits religieux afin de freiner le laxisme dont souffre alors l'Église d'Angleterre. Il ordonne de faire de même pour toutes les oeuvres littéraires écrites en angle. Avide de science, il brûlait de la disséminer. Il a joué un grand rôle d'animateur culturel. ** Le roi Alfred traducteur de "De Consolatione Philosophiae" (La Consolation de la philosophie) de Boèce. Il traduit également la "Règle pastorale" (La Regula pastoralis) du pape Grégoire le Grand (c.540-604), dans le but d'instruire le clergé. Dans sa préface, il écrit: "Me souvenant combien la connaissance du latin s'était effondrée dans toute l'Angleterre, alors que beaucoup pouvaient lire ce qui était écrit en anglais, je commençai alors, au milieu des soucis divers et variés de la conduite du royaume, à mettre en anglais le livre qui a pour titre en latin Pastoralis, et en anglais Shepherd's Book, quelquefois mot à mot, quelquefois d'après le sens." (Pierre Riché, "École et enseignement dans le Haut Moyen Âge", 1989, p. 388). "La version d'Alfred est l'oeuvre d'un grand poète. Paraphrase plus que traduction, développant et modifiant avec beaucoup de liberté, on peut dire qu'elle possède une existence propre. Elle aurait été faite en prose d'abord, en vers ensuite. Le détail a son importance. En effet, c'est dans la traduction -- et, plus spécialement dans la traduction d'oeuvres latines -- que naîtra la prose anglaise" (H. Van Hoof, "Petite histoire de la traduction en Occident", 1986, p. 20).