Bibliographies
Vaugelas (1585-1650)
*Claude Favre de Vaugelas vit le jour à Meximieux-en-Bresse, dans une famille de robe qui avait depuis peu accédé à la noblesse. Il passa sa jeunesse à Annecy où son père, homme docte et révéré, ami de François de Sales, fonda l'Académie florimontane. Entré au service de la maison de Savoie, il voyagea, puis se fixa à Paris, où il tâcha de se placer dans l'entourage des grands. Bien reçu dans le monde des salons et de la littérature, il jouissait d'une certaine autorité, malgré une œuvre assez mince (une traduction des "Sermons" de Cristobal de Fonsecas [1613], une autre de Quinte-Curce ["De la vie et des actions d'Alexandre le Grand", 1653, posthume] qu'il remania jusqu'à sa mort, et les célèbres "Remarques sur la langue française" en 1647). Dès le mois de décembre 1634, il fut au nombre des premiers académiciens. ** Traducteur et grammairien, Vaugelas représente le type originel du législateur de la langue. Ses Remarques, tirées de notes préparatoires à l'élaboration du dictionnaire et de la grammaire de l'Académie, étudient les difficultés de la langue française, indiquées par les hésitations de l'usage. Ces observations sont normatives, et Vaugelas impose le critère fondamental du "bon usage", celui de la Cour de la ville. Par ses versions de Fonsecas et de Quinte-Curce, il se place dans la liguée d'Amyot (voir ce nom) et de Coëffeteau, en héritier de la tradition puriste et en défenseur de traductions minutieusement fidèles. De la sorte, il se trouve à l'opposé des tenants des "belles infidèles" et notamment de Perrot d'Ablancourt (voir ce nom): celui-ci avait d'ailleurs donné en 1646, concernant l'histoire d'Alexandre le Grand, une version d'Arrien concurrente de celle de Quinte-Curce. D'Ablancourt est plus élégant, Vaugelas se veut plus rigoureux, raffinant sur l'exactitude grammaticale. (Source: Jean-Claude Polet (dir.), "Patrimoine littéraire européen", De Boeck Université, 1992).