Bibliographies
Houdar de la Motte, Antoine (1672-1731)
*Né à Paris le 17 janvier 1672 et mort à Paris 21 décembre 1731, Houdar de la Motte a reçu en héritage l'influence littéraire du XVIIe siècle et l'esprit philosophique du XVIIIe. Il fait ses études chez les Jésuites. Il n'y apprend pas le grec mais les auteurs latins. Il passe quelques temps à la Trappe mais en ressort pour vivre son ambition littéraire. Il se fait accepter à l'Académie en 1710 après la publication de ses "Odes" en 1707. Il fréquente bientôt les cafés où se réunissent alors les esprits philosophiques et scientifiques de l'époque: D'Alembert, Maupertuis, Fontenelle dont il est le disciple. ** Houdar de la Motte est auteur de drames lyriques dont six "opéras-tragédies", trois "opéras-ballets", une "pastorale héroïque" et une "comédie ballet" qui furent toutes joués entre 1697 et 1709. Il abandonne ce genre après son entrée à l'Académie en 1710. Il rédige des "Fables" (1719) composés de six livres précédés d'un "Discours sur la fable", des poésies légères. De le Motte est également philosophe. Son œuvre philosophique se compose de trois parties principales: La "Critique", les "Théories générales" et les "Innovations ou Paradoxes" (Dupont 1898: 115). ** Jeune écrivain, Houdar de la Motte demeure en retrait de la querelle qui divise les Modernes et les Anciens. Il entre de plein pied dans la querelle après la parution de l'"Iliade en XII chants" publié en 1714. Dans son "Discours sur Homère" qui précède sa traduction, il précise son point de vue qui se résume parfaitement par ces quelques mots: "En tant que traducteur, je me suis attaché particulièrement à trois choses: à la précision, à la clarté et à l' agrément" (voir le module "Thèses, livres et textes", "Discours sur Homère", p. 120). Il y prend le contre pied à l'introduction à Homère de Madame Dacier. La traductrice d'Homère (l'"Iliade" en 1711 et l'"Odyssée" en 1716) riposte en publiant "Les causes de la corruption du goust" (1714). La querelle se poursuit avec la parution en 1715 des "Réflexions sur la critique" d'Houdar de la Motte. En 1716 le Jésuite Hardouin fait paraître une "Apologie d'Homère", qui est une nouvelle façon d'interpréter l'"Iliade". Anne Dacier répond en publiant en 1716 "Homère défendu contre l'apologie du P. Hardouin ou suite des causes de la corruption du goust". (Voir la notice biographique consacrée à Anne Dacier). ** Cette querelle, qui a duré quelques années, fut celle de deux points de vue sur la traduction: la littéralité défendue par Mme Dacier d'une part et la traduction libre d'Houdar de la Motte d'autre part. Ce fut aussi la querelle entre deux approches, celle des Anciens contre celle des Modernes. (Sources: Paul Dupont (1898), "Houdar de la Motte, un poète-philosophe", Paris, Librairie Hachette, 305 p.; François Gacon (1971), "Homère Vengé", rééd. de l'édition de Paris, 1715, Genève, Slatkine Reprints, 463 p.; "id.",(1972), "Dissertations sur les ouvrages de Monsieur de la Motte", Genève, Skatkine Reprints, 130 p.)