Bibliographies
Condorcet, Madame de (1764-1822)
*Sophie de Grouchy est née en 1764 près de Meulan. Les Grouchy sont une famille de militaires appartenant à la noblesse d'épée mais vivant un peu à l'écart de la haute aristocratie. Elle grandit dans un milieu aux moeurs patriarcales où les liens familiaux sont empreints de tendresse et d'amour et où elle pratique la religion avec zèle, comme sa mère. Avide de connaissance, elle est toutefois attirée par une morale très haute et très pure, mais étrangère au Christianisme. Elle passe deux ans au prieuré de Neuville (1784-1786) à faire des études de chanoinesse (les chanoinesses sont des dignitaires laïques qui ne prononcent pas de voeux). Il y règne une grande liberté d'esprit, et Sophie y lit Voltaire et surtout Rousseau, ce réformateur de la société, qui deviendra son maître à penser. ** Très vite, ce penchant pour la libre pensée lui fait douter de sa foi et fera d'elle une des rares femmes athées de son temps. C'est en 1786 qu'elle épouse Marie-Jean-Antoine- Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet qui a vingt-et-un ans de plus qu'elle. C'est un disciple de Voltaire qui fait parti du clan des réformateurs, imbus de laïcisme, de progrès et de justice. Il a été reçu à l'Académie des sciences, à l'âge de vingt-six ans, pour son traité sur le calcul intégral. Il en deviendra le secrétaire perpétuel en 1771 et sera nommé directeur des monnaies en 1774. Il sera aussi admis à l'Académie française en 1782. Sophie, qui partage avec son mari "un engagement intellectuel de première importance" (Albistur et Armogathe 1977: 214) travaille souvent de concert avec lui. Elle écrit, parfois sous un nom d'emprunt, de nombreux articles sur la politique française ou étrangère, sur les droits de la personne et sur d'autres questions d'ordre social. ** Dans sa jeunesse, Sophie, qui connaissait l'anglais et l'italien, avait traduit des poèmes de Young et du Tasse. Avec son mari, très influencé par la révolution américaine, elle produira une traduction de la constitution fédérale des États-Unis. En 1791, elle traduit un texte de Thomas Paine,