Bibliographies
La Mennais, Félicité-Robert de (1782-1854)
*Né à Saint-Malo, très tôt orphelin de mère, Félicité de La Mennais (ou Lamennais) se montre rebelle aux volontés de son père, riche négociant, qui voulait se reposer sur lui de ses affaires commerciales. L'enthousiasme religieux dont il était animé - il reçoit la tonsure en 1809 - portèrent La Mennais à se consacrer tout entier à la défense du catholicisme. Les deux premiers tomes de son "Essai sur l'indifférence en matière de religion" (1817 et 1820) furent accueillis avec chaleur: les catholiques trouvaient enfin un héros, et un héraut, qui ne répugnait pas à la polémique. En même temps, l'âme pieuse de La Mennais s'épanchait dans des réflexions mystiques sur l'"Imitation de Jésus-Christ", dont il remania en 1824 la traduction de Genoude. ** Peu à peu, cependant, l'engagement de La Mennais dans l'actualité politique de son temps (il supplie prêtres et évêques de revenir à un christianisme plus authentique, plus charitable, plus pauvre et plus libre, de séparer leur cause de celle de la monarchie et de se joindre au mouvement des peuples vers la conquête des libertés) le met en porte-à-faux avec les plus hautes autorités ecclésiastiques. Les encycliques "Mirari vos" (1832) et "Singulari nos" (1834), condamnant, l'une les "excès mennaisiens" du journal "L'Avenir", l'autre "Les Paroles d'un croyant", marquèrent le déclin de l'audience de La Mennais, mais non point la fin de ses écrits politiques et religieux. Ainsi, il donne en 1846 une traduction des Évangiles, sorte de pendant à celle de "L'Imitation" (" [...] 'l'Imitation' étant le christianisme du moyen âge qui ne s'occupe que de l'individu, point de la société, et qui tend à séparer les hommes par une sorte d'égoïsme spirituel, tandis que l'Évangile pousse à l'action, à tout ce qui rapproche les hommes et les dispose à concourir à une œuvre commune, la transformation de la société ou l'établissement du royaume de Dieu.") Au cours de ses dernières années, La Mennais donna encore une traduction de "La Divine Comédie" de Dante. (Source: Jean-Claude Polet (dir.), "Patrimoine littéraire européen", De Boeck Université, 1992)