Bibliographies
Hunayn ibn Ishaq (809-873)
*Chrétien de la famille des Iibâdi, Hunayn ibn Ishaq (809-873), connu dans les traductions latines médiévales sous le nom de Johannitius, est né à Hira, ancienne métropole commerciale de la région de l'Euphrate, située à quatre-vingt-dix kilomètres de Bagdad. Dans sa jeunesse, Hunayn a étudié la médecine à Bagdad puis a entrepris un voyage de deux ans dans les régions de culture grecque. Il a même séjourné à Alexandrie. C'est justement au cours de ce séjour à l'étranger qu'il a appris "la langue grecque jusqu'à la maîtriser assez totalement pour pouvoir lire les ouvrages des grands médecins grecs" (Hunke, 1963 : 231). " Cette connaissance excellente du grec est très importante parce qu'elle a été un facteur déterminant de la qualité de ses traductions. Au cours de son séjour en milieu hellène, Hunayn s'est aussi familiarisé avec les méthodes philologiques utilisées à Alexandrie. À son retour, il a perfectionné son arabe "auprès du meilleur professeur de Basra, sur le golfe Persique". ** Hunayn était médecin et grand érudit. Il s'est distingué par la qualité de ses traductions et par ses méthodes philologiques. D'après certains auteurs, il aurait été nommé par al-Ma'mûn à la tête du centre de traduction de la Maison de la Sagesse et se serait adjoint une équipe de traducteurs dont faisaient partie son fils Ishâk et son neveu Hubaysh ibn al-Hasan. Le nombre de ces traducteurs aurait dépassé la centaine. Il aurait en outre formé toute une génération de traducteurs dont le plus célèbre fut Thâbit ibn Kurrah, grand médecin et mathématicien. D'autres sources se contentent de dire que Hunayn a été à la tête d'un groupe important de traducteurs dans le cadre d'une entreprise privée. Pour sa part, al-Kifti a écrit que Hunayn " a été choisi comme traducteur, qu'on lui faisait confiance, et que (le khalife) al-Mutawakil le parrainait et lui a adjoint des scribes experts en traduction. Ceux-ci traduisaient et Hunayn révisait leurs traductions[...] " (Lippert, 1903 : 171). ** Dans sa "Risâlah", missive qu'il a adressé à un ami à propos de la traduction des traités de Galien, il ne fait lui-même aucune mention de la Maison de la Sagesse. Ce qui paraît certain, c'est que Hunayn a été effectivement à la tête d'un groupe de traducteurs dont il révisait les traductions. Il recherchait lui-même les manuscrits à traduire et c'est à lui que les mécènes s'adressaient pour faire traduire ces manuscrits. ** Hunayn a commencé à traduire en 826, à l'âge de 17 ans, et il a continué à traduire jusqu'à sa mort survenue à 64 ans, en 873. Étant lui-même médecin, son domaine de prédilection était la médecine. Parmi les ouvrages de médecine traduits, on compte ceux d'Hippocrate, d'Oribase, de Dioscoride et de Paul d'Égine. Mais il ne s'est pas limité à la médecine. Il a aussi traduit des ouvrages de philosophie, de politique, et de sciences tels que la "République" de Platon, les "Catégories", la "Physique" et les "Magna Moralia" d'Aristote et beaucoup d'autres œuvres anciennes. Il a produit une version arabe de l'Ancien Testament qui "était considérée comme l'une des meilleures" (Strohmaier, 1971 : 599). Certaines de ces traductions sont conservées, dans leur forme originale, dans différentes bibliothèques à travers le monde. Hunayn a aussi rédigé un nombre important de traités médicaux tels que le "Liber introductionis in medicinam". (Voir sur ce DVD la thèse de Ghassan Aris (1985), "De Badgad à Tolède". Cette notice est extraite de cette thèse.)