Bibliographies

Daviault, Pierre (1899-1964)

*Né à Saint-Jérôme, Québec, Pierre Daviault a poursuivi des études aux universités de Montréal et de Paris. Traducteur, haut fonctionnaire, professeur, directeur-fondateur de revues, président de sociétés savantes, animateur de sociétés de traducteur, lexicologue érudit et écrivain, Pierre Daviault fut aussi intéressé par le théâtre amateur et était monté lui-même sur les planches. Passionné par le français, il entre en 1925 au service de la traduction des débats de la Chambre des communes à Ottawa. Il accède au poste de surintendant adjoint au Bureau des traductions en 1953 et à celui de surintendant en 1955. Pendant ce temps, il a présidé à la naissance de divers Services nouveaux. Par exemple, il a organisé un cours de perfectionnement des jeunes traducteurs et a établi une véritable école de formation de stagiaires recrutés par voie de concours. C'est sous sa direction qu'a été lancé le Service d'interprétation simultanée à la Chambre des Communes et au Sénat canadien. En 1958 il a présidé le jury qui a fait le choix de la première équipe d'interprètes parlementaires. C'est aussi sous sa direction qu'a été établi à Montréal une division du Bureau des traductions. Toutefois, sa plus grande contribution fut probablement le Service de terminologie, créé au sein du Bureau des traductions en 1954. Ce service a publié plus d'une centaine de bulletins de terminologie avant sa mort, des glossaires. ** Daviault a reconnu que la traduction cause au Canada des problèmes particuliers. Certains Canadiens français se plaignent que les traductions représentent des compromis entre l'usage anglais et l'usage français. D'autres déplorent que les traducteurs appliquent une norme littéraire supérieure à la capacité ordinaire de compréhension des lecteurs de traductions. Daviault voulait que le Centre de terminologie ait pour fonction de trouver un juste milieu entre ces deux extrêmes. L'embryon du Service de terminologie qui existait déjà allait donc devenir sous son impulsion un véritable centre où une foule de renseignements seraient mis à la disposition du public en tant que Service national. Mais, Pierre Daviault avant d'avoir pu mener ce projet à bonne fin est décédé. Daviault avait participé à diverses émissions radiophoniques. Il a créé avec Philippe Panneton l'émission "La langue bien pendue" où il a traqué pendant douze ans les défectuosités langagières en rejoignant des milliers d'auditeurs; grâce à ses commentaire réalistes ses auditeurs ont compris l'importance de la profession de traducteur au Canada. Il se désignait souvent lui-même familièrement comme un chien de garde du français au Canada. ** Dès 1920, il se joint à un groupe de collègues pour fonder l'Association technologique de langue française d'Ottawa. Cette société a pendant quarante ans fait un travail énorme pour relever la profession de traducteurs et a cédé la place à l'Association des traducteurs et interprètes de l'Ontario. Pierre Daviault a également représenté la Société des traducteurs et interprètes du Canada auprès de la Fédération internationale des Traducteurs. Il a été élu membre de la Fédération internationale des traducteurs et de son conseil. À partir de 1936, il est professeur de traduction à l'Université d'Ottawa. Les reconnaissances officielles ne manquent pas: il obtient la médaille de l'Académie française (1935), et devient premier titulaire de la médaille Chauveau décernée par la Société royale. Il est nommé président général de la Société royale en 1958 et président général de la Société des écrivains canadiens en 1959. ** Il possédait un culte fervent pour la langue française. Parus entre 1930 et 1940, ses ouvrages "L'Expression juste en traduction", "Questions de langage" et "Traduction" ont été refondus en 1961 dans son oeuvre maîtresse "Langage et traduction". Il a fourni, dans une perspective différente, en tenant compte des réalités nord-américaines, une étude précise et détaillée de tous ces mots qui, parce qu'il sont proches de l'anglais, se laissent si facilement contaminer par lui. Daviault a cru que ce sont les traducteurs qui créent la plupart des anglicismes dont notre langue est infestée: la langue sera dans une large mesure ce que sera la traduction. Il a distingué entre le purisme de règles qui s'attache à la défense de règles inflexibles et le purisme d'usage, qui se préoccupe de maintenir la pureté du langage. ** Il a également publié un dictionnaire militaire et, en collaboration avec les professeurs Jean-Paul Vinay et Henry Alexander, un dictionnaire français-anglais et anglais-français, le "Dictionnaire canadien" (1961). Dans l'intimité, l'homme était volontiers rieur et bon vivant, il saisissait vite les ridicules de la vie, ses propos ironiques égayaient les convives autour d'une table. Par son travail infatigable, Pierre Daviault a contribué à promouvoir la visibilité du traducteur au Canada. [Voir le module "Portraits"].