Bibliographies
Phaulcon, Constantin (1647-1688)
*Constantin Hiérakis est né à Céphalonie, colonie grecque de la république de Venise. Il s'embarque à douze ans sur un vaisseau marchand anglais, prend le nom de Phaulcon (forme anglicisée de son patronyme), apprend le français, l'anglais et le portugais, et se retrouve à vingt ans greffier de la East India Company à Bantam (Java) où il apprend le malais. Il est successivement marchand d'épices et trafiquant d'armes, mais, ruiné par un naufrage, il entre au service du roi de Siam comme interprète, ayant en deux ans appris le siamois populaire ainsi que le siamois de cour, le ratchasap. ** Son ascension fut foudroyante: promu tout d'abord Kha Luang, (responsable du commerce extérieur) avec le rang de mandarin de troisième classe, il devint rapidement le ministre principal du royaume, Vichayen, bien qu'il eût toujours refusé le titre de Phra Klang, c'est à dire Premier Ministre. Ce fut Phaulcon qui reçut les envoyés de Louis XIV, venus tenter de convertir Narai, roi de Siam, car sa tolérance bouddhique les amenait à le penser prêt à renoncer à la foi de ses ancêtres. Prévenu de leurs intentions, Phaulcon se garda bien de traduire la harangue d'Alexandre de Chaumont, ambassadeur extraordinaire de Sa Majesté Très Chrétienne. En effet, lorsqu'il entendit Chaumont supplier Narai de "renoncer à ces idoles, sire, dont votre Majesté a su mesurer toute la vanité ", Phaulcon se borna à parler de l'amitié des Rois, "réunis au-delà des océans dans la même estime réciproque ". Il tenta d'imposer néanmoins la présence de troupes françaises, pour protéger le Siam des visées britanniques et hollandaises, ce qui déclencha une révolution xénophobe et anti-chrétienne dans tout le pays. Un coup d'état renversa Narai, le roi trop tolérant et curieux du monde occidental, et Phaulcon périt, décapité et éviscéré, le châtiment réservé aux traitres. Il n'avait pas quarante et un ans. (Voir le roman historique "Le ministre des moussons" de Claire Keefe-Fox, Paris, Plon, 1998, 530 pages.)