Bibliographies

Wiet, Gaston (1887-1971)

*En 1908, Gaston Wiet sort diplômé de l’Ecole des Langues orientales de Paris: il possède deux diplômes de langue arabe, arabe littéral et arabe maghrébin, un diplôme de turc et un de persan. En 1909, il quitte le ministère des Affaires étrangères où il avait sollicité un poste d’élève interprète et part pour Le Caire en tant que chercheur à l’Institut français d’archéologie orientale, l’IFAO. Il y rencontre le patron de l’archéologie arabe qui sera pour lui un véritable initiateur et son maître: Max van Berchem. * Paul Boyer, administrateur de l’Ecole des Langues orientales de Paris, recommande à Max van Berchem son élève, Gaston Wiet, surtout philologue et pas spécialement préparé à l’archéologie. Celui-ci arrive au Caire, prêt à recevoir les enseignements nécessaires à tout débutant en archéologie orientale et Max van Berchem le recommande à Gaston Maspéro. Gaston Wiet travaille deux années à relever des inscriptions et à dépouiller des manuscrits arabes. En 1911, il occupe le poste nouvellement créé de maître de conférences d’arabe à l’université de Lyon. Il vient en effet de se faire remarquer en publiant la traduction des Khitat d’Ahmed al-Maqrîzî. * Il est mobilisé pendant la guerre de 1914-1918, puis il continue à enseigner à Lyon tout en entreprenant des missions en Egypte: son nom est définitivement lié à celui du Corpus des inscriptions arabes de Max van Berchem. Lorsque celui-ci meurt en 1921, c’est Gaston Wiet que l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres désigne pour assurer l’impression du Corpus de Jérusalem en 3 volumes. * De 1926 à 1951, Gaston Wiet réside au Caire, en qualité de directeur du Musée d’art arabe. Comme Max van Berchem l’avait conçu, il dirige et prépare, avec Etienne Combe et Jean Sauvaget, le "Répertoire chronologique d’épigraphie arabe". Quarante cinq orientalistes de tous pays travaillent à cette œuvre dont le premier tome paraît en 1931. * Gaston Wiet sera ensuite professeur au Collège de France, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il meurt en 1971, à l’âge de 83 ans, après avoir consacré toute sa vie à l’étude de la civilisation arabo-musulmane. * Gaston Wiet laisse une œuvre abondante, faite de plus de 300 ouvrages et articles dont certains sont devenus des classiques et font référence. * À partir de 1922, Wiet publiera successivement "Description d’une forteresse de Saladin". Les inscriptions de Qal`ah Guindi, forteresse découverte au Sinaï, puis les "Notes d’épigraphie syro-musulmane" en 1924 et les "Matériaux pour un Corpus inscriptionum arabicarum" en 1929-1930. Le tout sera couronné par le "Répertoire chronologique d’épigraphie arabe" qu’il dirige au Caire. Sa première œuvre avait d’ailleurs été "Matériaux pour servir à la Géographie de l’Egypte", recueil de documents paru en 1919, résultat d’une étroite collaboration avec Jean Maspéro. Les renseignements donnés par Ahmad Maqrîzî, historien égyptien (1364-1422), sur les villes de son pays, permettent d’identifier les villes arabes tout comme celles qui étaient antérieures à la conquête musulmane. ** Directeur du Musée d’art arabe du Caire, Gaston Wiet en publie en 1930 l’album qui présente un grand nombre d’objets et d’inscriptions épigraphiques, toutes traduites en arabe et en anglais. De 1929 à 1951, l’Institut français d’archéologie orientale du Caire, éditera son Catalogue du musée arabe du Caire, œuvre d’une quinzaine de volumes sur les lampes et bouteilles en verre émaillé, les stèles funéraires, les objets en cuivre, les inscriptions historiques sur pierre. La ville du Caire tient une grande place dans la vie de Gaston Wiet. En 1966, son ouvrage sur les mosquées du Caire restitue la place considérable tenue par Le Caire dans l’histoire de l’art, grâce à "une brillante floraison d’œuvres architecturales" mosquées, fontaines, mausolées, collèges ou couvents. * Gaston Wiet a aussi fait oeuvre d’historien, mettant son érudition au service d’un large public. En 1961 paraît "Grandeur de l’islam: de Mahomet à François Ier". C’est la première fois que l’histoire du monde musulman est présentée sous forme d’un récit commenté par des écrivains orientaux "documentés" qui sont en quelque sorte des témoignages directs ou proches des événements étudiés. L’ouvrage éclaire sur l’histoire politique, sans pour autant négliger l’aspect culturel de la civilisation, grandeur de l’Islam en cette période "noble et féconde". * En 1966, Gaston Wiet, séduit par l’exceptionnelle richesse de la littérature arabe, passe sur un autre registre, s’adresse à des lecteurs européens et publie son "Introduction à la littérature arabe", présentant "écrivains ou penseurs de qualité", n’omettant aucun chef-d’œuvre classique, faisant "pénétrer dans le domaine de la culture générale l’étude des faits littéraires qui étaient restés le privilège de l’érudition" comme l’affirme l’auteur dans son avant-propos. (...) * Gaston Wiet a exercé tout au long de sa vie ses talents de traducteur, permettant ainsi de découvrir de nombreuses oeuvres classiques. Il traduit en 1911 le "Hitat" d’Ahmed Maqrîzî, puis "Le traité des famines", du même auteur, en 1962. En 1955, ce sera "Les atours précieux d’Ibn Ruteh", puis le "Journal d’un bourgeois du Caire d’Ibn Iyâs", en 2 volumes, parus en 1955-1960. En 1964, il traduit avec J.H. Kramers la "Configuration de la terre": Kitab surat al-ard d’Ibn Hawqal. Vers la fin de sa vie, Gaston Wiet s’intéressera aussi à découvrir et faire découvrir de grandes figures de la littérature égyptienne contemporaine en traduisant "Un substitut de campagne en Egypte" de Tewfik el-Hakim, en collaboration avec Zaki M. Hassan, réédité chez Plon et Presses Pocket en 1993, puis "Le livre des jours" de Taha Hussein, avec Jean Lecerf, préfacé par André Gide et édité chez Gallimard en 1984. (Reproduit de Camélia Sobhi, "Bibliographie des ouvrages traduits de l’arabe vers le français", Le Caire, Imprimerie de la Bibliothèque et archives nationales d’Égypte, 2003. Ouvrage sur cette archive.)