Bibliographies

Horguelin, Paul A. (1930- )

*"Grand, mince, de belle prestance, Paul A. Horguelin était fait pour diriger une prestigieuse maison vinicole dans sa région d'origine, la Champagne. Mais, attention, les bulles ne disent pas le tout d'un grand cru. En vérité, c'est la terre, la terre profonde même - jeune, il aurait travaillé dans les mines -, qui a donné son arôme à cet homme. Sa passion ne fut pas le vin, qu'il ne déteste pas, mais la langue française. Il a pratiqué celle-ci toute sa vie, comme on travaille la terre, en la retournant, en la humant, en la palpant. Qui ne connaît pas ses ouvrages comme "Anthologie de la manière de traduire" [2e éd. sur cette archive], "Pratique de la traduction", "Version générale" ou encore "Le français, langue des affaires"? Ces classiques dans leur genre suivent à la piste le sens des mots. Leur utilité pour une vaste gamme d'usagers explique le succès qu'ils ont connu. Autre signe distinctif du terrien, il ne travaille jamais pour rien. Lorsque Paul A. Horguelin devient professeur à l'Université de Montréal, en 1965, beaucoup, sinon tout, reste à faire dans les champs de la formation et de la traduction au Québec. Tel un défricheur pour qui l'outil est le meilleur ami, il avance lentement, mais avec fermeté, posant ici et là des gestes clés tant dans le milieu professionnel qu'universitaire. Signalons la fusion des organismes représentant les traducteurs au Québec, à laquelle il participe, et la présidence de la Société des traducteurs du Québec, qu'il accepte d'occuper de 1969 à 1971. Au cours de ce mandat, il donne à la Société des traducteurs du Québec une orientation professionnelle que confirmera l'Ordre des traducteurs et interprètes agréés du Québec, qui lui a finalement succédé. À l'échelle nationale, il participe à la création du Conseil des traducteurs et interprètes du Canada dont il assure la présidence de 1973 à 1975, lui qui pourtant apprécie tant la solitude de la campagne. Au plan universitaire, il sera le premier non seulement à saisir l'importance de la révision dans l'enseignement, mais à créer un premier, puis un deuxième cours de révision. Ne cessant de s'interroger sur la qualité des programmes de traduction et mû par la nécessité de former des langagiers cultivés, il obtient que soit créé un cours d'histoire de la traduction. Aujourd'hui, l'histoire de la traduction et la révision sont des matières enseignées dans la plupart des programmes de traduction des universités canadiennes. La recherche des racines et le sens aigu de la filiation sont une constante chez ce pionnier. Heureusement, les institutions n'ont pas trop démérité de cet homme de qui elles ont beaucoup reçu. En 1986, pour souligner sa contribution exceptionnelle dans le domaine de la traduction en Amérique du Nord, la Fédération internationale des traducteurs lui décerne son premier Prix Emeritas. Quelques années plus tard, l'Université de Montréal le nomme professeur titulaire et, après la Société des traducteurs du Québec, c'est aujourd'hui l'Association canadienne de traductologie qui le fait membre d'honneur. Elle a mille fois raison de lui rendre cet hommage. [...]" (Monique C. Cormier, Université de Montréal). [Voir le module "Thèses, livres et textes" où figure la 2e éd. de son "Anthologie de la manière de traduire"].