Bibliographies
Delille, Jacques (1738-1813)
*Enfant naturel, Jacques Delille est né à Aigueperse, en Auvergne. Il fait de brillantes études à Paris, entre dans la carrière universitaire et, sans quitter l'état laïc, prend le titre d'"abbé", qui restera toujours accolé à son nom. En 1757, il commence une traduction en vers des "Géorgiques" de Virgile. Louis Racine, consulté, l'encourage et le fait connaître. Delille donne ensuite une série d'épîtres, qui recueillent les éloges de Catherine II et de Voltaire, et annexent l'auteur au clan philosophique. En 1770, paraissent enfin les Géorgiques: l'accueil est triomphal. Au reproche d'infidélité répond par avance un "Discours préliminaire": le texte de Delille et celui de Virgile ne doivent pas être comparés vers à vers; "c'est sur l'effet total de chaque morceau qu'il faut juger de son mérite". (D'aucuns prétendent ce "Discours préliminaire" écrit par Jean-Baptiste Dureau de La Malle, ami de Delille.) ** En 1773, Delille obtient la chaire de poésie latine au Collège de France; l'année suivante, il entre à l'Académie. Il se tourne alors vers la poésie descriptive et chante la nature ("Les Jardins", 1782), puis vers le poème philosophique ("L'Imagination", 1806; "Les Trois Règnes de la nature", 1808). Sous l'Empire, Delille fait figure de chef d'école, et se trouve célébré à la fois par le néo-classicisme officiel et par les premiers romantiques. Il donne alors, de Virgile, des versions de "L'Énéide" (1804) et des "Bucoliques" (1806). La poésie de l'abbé Delille, très rhétorique, n'est plus lue aujourd'hui: elle constitue pourtant une sorte de contrepoint lyrique à l'esprit philosophique. (Source: Jean-Claude Polet (dir.), "Patrimoine littéraire européen", De Boeck Université, 1992)