Bibliographies

Kovalevskaya, Sofia V. (1850-1891)

*À la fois scientifique et littéraire, Sofia Kovalevskaya s'illustre dans de nombreuses disciplines, telles que les mathématiques, l'écriture, la traduction scientifique ainsi que l'enseignement des sciences. Elle est issue d'une famille de la bourgeoisie russe et ses parents font appel aux services de précepteurs pour son éducation. Dès l'âge de onze ans, Sofia développe un intérêt particulier pour les mathématiques. Elle souhaite poursuivre ses études à l'université, ce qui signifie quitter sa famille. Son père s'y oppose : ceci n'est tout simplement pas acceptable pour une fille de bonne famille. Décidée à contourner cette interdiction, Sofia choisit de se marier pour pouvoir partir étudier à l'étranger. En 1869, elle épouse Vladimir Kovalevsky, un jeune paléontologue. Le jeune couple part s'installer à Saint-Petersbourg où Sofia essaye de s'inscrire à l'université pour faire des études de médecine. À cette époque, les universités ne sont pas favorables à l'accès des femmes aux études supérieures. L'université de Saint-Petersbourg l'autorise finalement à suivre des cours mais lui précise qu'aucun diplôme ne lui sera délivré. Elle part alors pour Vienne pour y étudier les mathématiques et se montre déçue par la qualité de l'enseignement. Successivement, elle essaie de s'inscrire à l'université d'Heidelberg et à celle de Berlin mais elle se bute aux mêmes difficultés. À force de détermination, elle parvient à s'inscrire à l'université de Göttingen où elle obtient un doctorat de mathématiques en 1874. Ce diplôme n'apporte pourtant pas toutes les solutions aux problèmes de discrimination dont sont victimes les femmes savantes à cette époque. Sofia ne parvient pas à obtenir de poste de professeur d'université. Elle trouve alors un emploi dans un journal et participe aussi à la mise en place de cours universitaires pour femmes dans l'espoir que ceci débouche sur l'établissement d'une université pour femmes. Du côté de sa vie personnelle, les relations avec son mari sont plutôt mauvaises. C’est en 1878, durant cette période de tension, que naît leur fille Sofya Vladimirovna. Sofia décide alors de mettre sa carrière entre parenthèses et de lui accorder toute son attention jusqu'en 1880.** Cette année constitue un tournant dans la vie de Sofia. À l'invitation du mathématicien Pafnuty Lvovich Chebyshev, elle fait une communication à l'occasion d'un congrès de scientifiques à Saint-Petersbourg. Elle décide de reprendre un de ses travaux de doctorat rédigé en allemand qu'elle traduira en russe en une nuit. C’est peut-être à la suite de cette rencontre que Sofia décide de traduire Chebyshev du russe en allemand. Sa présentation est très remarquée. Elle semble gagner progressivement la reconnaissance de ses pairs en tant que femme scientifique. Cette même année, Sofia et son mari s’associent pour traduire en russe l’ouvrage "Das Leben der Vögel" (la vie des oiseaux) du zoologiste allemand Alfred Edmund Brehm. Ce sera leur dernière collaboration car en 1881 ils se séparent. La vie professionnelle de Vladimir est chaotique et il dilapide rapidement la fortune de la famille. En 1883, il se suicide. Après une période d’abattement et de culpabilité, Sofia décide de réagir et s’investit dans son travail. Peu de temps après, elle se voit proposer un poste de chargée de cours à l’université de Stockholm. Ses cours sont très appréciés et en 1884 elle est nommée professeur titulaire et publie ses travaux sur la réfraction de la lumière. De plus, sa maîtrise du suédois lui permet d’enseigner dans cette langue. Elle poursuit son ascension et devient titulaire de la chaire de mécanique en 1885. En 1887, elle accepte de collaborer à l’écriture d’une pièce, "A Struggle for Happiness", qui sera mal reçue par la critique. Pendant son séjour en Suède, elle devient la rédactrice en chef de la nouvelle revue "Acta Mathematica", coordonne les activités avec les mathématiciens de Paris et de Berlin et prend part à l’organisation de conférences internationales. En 1888, elle participe à la compétition organisée par l’Académie des sciences française, qui lui décernera le Prix Bordin pour son "Mémoire sur un cas particulier du problème de la rotation d’un corps pesant autour d’un point fixe, où l’intégration s’effectue à l’aide des fonctions ultraelliptiques du temps". Devant l’excellence de ce travail, on augmentera même la récompense. Elle poursuit ses recherches sur le même sujet et elle se voit décerner un prix par l’Académie des sciences suédoise en 1889. Toutefois, Sofia doit bien se rendre à l’évidence que cette notoriété ne l’aide pas dans sa recherche d’un nouveau poste de professeur en 1889, que ce soit en France ou en Russie. Résignée, elle accepte une nomination à vie à Stockholm. La même année cependant, à l’initiative de Chebyshev, elle est élue correspondante de l’Académie des sciences impériale. Parallèlement à l’enseignement, Sofia se livre à une de ses passions de jeunesse: l’écriture. À Stockholm, elle écrit ses mémoires, des drames et des ouvrages politiques radicaux, notamment "A Nihilist Girl". Certains de ces travaux ne seront jamais publiés en Russie ou certains des chapitres seront supprimés à cause du contenu politique. L’article "Sur un théorème de M. Bruns" (scientifique allemand) constitue la dernière publication de Sofia. Au sommet de sa gloire, elle meurt des suites d’une pneumonie au début de l’année 1891.