Bibliographies
La Harpe, Jean-François de (1739-1803)
*Né à Paris, tôt orphelin de père et de mère, Jean-François Delharpe ou Delaharpe, dit de La Harpe ou de Laharpe, fut recueilli par des sœurs de charité et fit des études brillantes au collège d'Harcourt. Voulant faire carrière dans les lettres, il commença par écrire des vers, puis des tragédies. La Harpe puise son inspiration à des sources très diverses: ses tragédies "Philoctète" (1781) et "Coriolan" (1784), par exemple, sont imitées de Sophocle et de Shakespeare. Les pièces de La Harpe ne rencontrent pas le succès, mais des travaux de critique, au "Mercure de France", ainsi que des traductions, assurent sa fortune matérielle et son élection à l'Académie française (1776). En 1770, il avait déjà donné une version française des "Douze Césars" de Suétone, "avec des notes et des réflexions". Suivent, en 1776, "La Lusiade" de Camoéns (en collaboration avec Vaquette d'Hermilly), puis, de 1800 à 1802, des fragments de "La Jérusalem délivrée" du Tasse et de "La Pharsale" de Lucain. ** En 1789, La Harpe s'enflamme pour la Révolution, dont il approuve même les excès. Arrêté cependant, il n'est sauvé que par le 9 thermidor. En prison, la lecture de "L'Imitation de Jésus-Christ" la transforme. Alors que, selon le mot de Sainte-Beuve, La Harpe était auparavant le "premier lieutenant de Voltaire", il se retourne contre les philosophes, travaille à une épopée an six chants ("La Religion ou le Roi martyr") et donne une traduction du Psautier (1798), avec une préface où il explique les raisons de sa conversion. Jean-François de La Harpe est aussi l'auteur du "Lycée, ou Cours de littérature ancienne et moderne" (1799-1805; 16 vol.), premier ouvrage dans lequel un écrivain ait tenté de présenter la littérature dans son devenir historique, des anciens Grecs jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Constamment réédité jusqu'en 1880, ce Cours a servi de modèle à la critiqua universitaire du XIXe siècle. (Source: Jean-Claude Polet (dir.), "Patrimoine littéraire européen", De Boeck Université, 1992)